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L’ancien général de brigade Philippe Biamby (56 ans), qui avait joué un rôle important au sein du Haut commandement des Forces Armées d’Haïti au lendemain du sanglant coup d’Etat du 30 septembre 1991 contre le président Jean Bertrand Aristide, est décédé samedi soir au Panama où il avait trouvé refuge en 1994, après l’intervention en Haïti de la "force multinationale" à dominante américaine chargée alors de rétablir l’ordre constitutionnel.
Philippe Biamby est décédé des suites d’un cancer, selon son camarade de promotion Himmler Rébu. Il s’agirait d’un cancer du pancréas, selon des proches des anciens militaires vivant aux Etats-Unis.
Avant le débarquement en 1994 de la "force multinationale" , Biamby avait mis en garde contre toute intervention étrangère en scandant le mémorable slogan de l’un des héros de l’indépendance haïtienne « au premier coup de canon, les villes disparaissent et la nation est debout ! ».
Mais, au débarquement de la force étrangère, il n’y a pas eu de combat et, encore moins, les villes n’ont pas disparu. Si, par contre, la nation était debout, c’était beaucoup plus pour acclamer les « occupants ».
Tentant de façon démagogique de joindre le geste à la parole, Biamby avait entrepris d’entraîner personnellement au Champ-de-mars (Place des héros de l’indépendance, à proximité du siège de la présidence, le Palais national) une armée de volontaires comprenant des parlementaires putschistes et dont la mission était de faire face aux « envahisseurs ».
De façon ironique, la population avait estimé que les éléments constituant cette « troupe » n’étaient motivés que par le « chou et le riz » que distribuait alors le haut commandement de l’armée. Nombre de ces "apprentis-soldats" faisaient également partie de l’organisation paramilitaire Front pour l’Avancement et le Progrès d’Haïti (FRAPH) dirigée par Emmanuel Constant, dit "Toto Constant", écroué aux Etats-Unis pour fraude immobilière.
Colonel en 1989, Philippe Biamby et ses collègues Himmler Rébu et Léonce Qualo étaient impliqués dans une tentative de coup d’Etat contre le général-président Prosper Avril. Expulsés du pays, Biamby et ses compagnons d’infortune devaient passer plusieurs mois en exil, notamment au Venezuela.
Biamby devait être réintégré au grade de général de brigade au sein de l’armée au lendemain du coup d’Etat de 1991 qu’il s’est alors attelé à gérer avec ardeur.
Philippe Biamby fut le neveu de Pierre Biamby, l’un des plus farouches ministres de l’intérieur de François Duvalier, "Papa Doc" , qui prit une part active dans les "vêpres jérémiennes" (massacre au milieu des années 60 d’opposants à Duvalier, mulâtres pour la plupart, dans la ville de Jérémie, dans le Sud-Ouest).
Commentant le décès de Biamby, des proches des anciens militaires intervenant samedi dans des émissions de radios haïtiennes à New York, ont laissé entendre que le général Raoul Cédras qui avait dirigé le régime issu du coup d’Etat de 1991, souffrirait d’un cancer de la prostate pour lequel il a récemment subi une intervention chirurgicale.
D’autres membres de la même promotion que Biamby (1971-1973), sont également décédés. Le colonel Guy François, également impliqué dans le coup d’Etat de 1989, a été tué en 2006 à Pétion Ville (Est de Port-au-Prince), vraisemblablement par des voleurs. Le colonel Georges Valcin, ex-chef de la police sous Avril, est décédé récemment à Port-au-Prince d’un problème du foie. [jmd/RK]